Un destin hors du commun - chapitre 13 - l'agression

L’agression

Quand Clément descendit au réfectoire, quelques heures plus tôt, il vit, assis à l’une des tables, Messyca qui mangeait calmement et avec classe, Rukia qui souriait d’amusement en fixant Eylan et Patience qui se disputaient une sorte de pain rouge, et Jade qui alla poser son plateau-repas avant de courir vers la sortie en annonçant qu’elle allait réveiller Rekko. Clément s’approcha de la table, après avoir prit ce qu’il voulait au self-service, afin de se mettre juste à côté de Rukia. Il fit la même chose qu’elle. L’humain lui demanda d’ailleurs :
- Pourquoi ils se disputent ce pain ?
- En fait il n’en restait plus qu’un et Patience avait voulu le prendre mais Eylan n’était absolument pas d’accord ! Du coup c’est à celui qui arrivera à l’arracher à l’autre !
Un sourire apparut sur les lèvres de Clément. Il pensa en lui-même que ces deux-la risqueraient fort de devenir un couple « déjanté ». Il songea à ce qui lui était arrivé lors de ces deux semaines. Aasunan avait eu le projet d’effacer de sa mémoire tout ce qui concernait le Sekutsa, mais Patience s’y était fortement opposé en le menaçant de brûler tout l’Honai. Il avait alors décidé de le mettre en prison. Malheureusement, il avait du changer d’avis en la voyant refaire le même manège. Il s’était alors résigné à l’accueillir à l’Honai.
Jour après jour, Clément avait bien observé sa sœur adoptive. Elle lui semblait très triste. Sauf quand Eylan était dans les parages. Au contraire, dans ces moments-là, elle était très vive. Elle le frappait et l’insultait, et vice versa. Kai n’était plus revenu, ce qui soulageait Seyler. Ce dernier, par contre, allait toujours dormir avec sa femme pour éviter qu’elle ne l’accuse d’infidélité. Clément sortit de ses songes en entendant Patience s’écrier fièrement :
- Hourra ! Qu’est-ce que tu dis ça espèce de vampire craignos ?
- J’en dis que je t’ai déjà dis que je n’étais pas craignos ! S’emporta Eylan. Espèce de sorcière idiote !
- Je ne suis pas idiote ! S’emporta-t-elle.
Leur dispute était si violente que Patience avait de plus en plus peur de lui avouer ses sentiments. Elle s'arrêta un instant en repensant brusquement au pacte. Elle allait devoir le faire si elle ne voulait pas courir. Elle se disait qu’elle devrait d'abord se réconcilier avec lui. Ce n’était pas gagné. Eylan sembla remarquer son trouble et s'arrêta un moment avant de changer son timbre de voix pour y mettre plus de douceur :
- Qu'est-ce que tu as ?
- Moi ? Rougit-elle. Mais rien du tout voyons !
Il prit un air suspiscieux. Elle put lire dans ses yeux qu'il ne la croyait absolument pas. Elle chercha autour d'elle un prétexte pour changer de conversation. Elle se rappela brusquement qu'elle devait encore aider les habitants de la maison qu'elle avait brûlée à la reconstruire. Elle se servit donc de cela pour partir du réfectoire en emportant le pain, laissant là Eylan. Il soupira et se rassit.
Patience arriva au chantier. Ils la saluèrent tous en souriant. Elle les détailla en leur rendant leurs sourires. Il s'agissait d'un couple de quadragénère ayant trois enfants dont une fille plus âgée que la jeune sorcière et deux garçons dont l'un avait l'âge de la française. La mère lui demanda calmement de poser les briques. Elle obéit avec l'aide de la télékinésie. Elle bougea ses mains pour soulever un des rectangles blanc, qu'elle conduisit sur les autres avant de se rappeler qu'elle n'avait pas posé la colle. Elle reposa donc la brique pour réparer son erreur. Quand ce fut fais, elle entendit une voix la féliciter :
- Bravo ! Tu es vraiment forte pour avoir réussi à soulever cette brique sans faire d'effort !
Elle se tourna vers la voix en souriant. Ils s'agissait du garçon de son âge, Rascan. Il avait été le premier à avoir été sympa avec elle quand elle s'était proposée de les aider en guise d'excuse. Depuis, elle lui confiait absolument tout. Elle avait parfois l'impression qu'il voulait plus mais, malheureusement pour lui, le seul qu'elle aimait était Eylan. Rascan avait des cheveux mi-longs lisses et blond. Il s'agissait d'un sémérien, un widouka qui contrôlait le feu. Il ajouta à ses paroles :
- Dis-moi, tu m'as l'air ailleurs aujourd'hui !
- Oui, désolée ! C'est juste que j'ai fais un pacte hier avec Rukia et ça me travaille !
- C'est quoi comme pacte ?
- Un pacte qui me demande d'avouer mes sentiments à celui que j'aime !
- Et c'est qui que tu aimes ? Continua-t-il avec un ton séducteur.
La grande soeur soupira, tandis que Patience hésitait. Elle ne savait pas si elle devrait lui avouer cela, même si elle lui confiait tout. Après tout, il restait un garçon et cela ne faisait pas partie de ce qu'on pouvait divulguer au sexe opposé. D'un autre côté... Si elle ne disait rien il pourrait croire que cela le concernait. Elle choisit donc de nommer Eylan. Rascan perdit le sourire, ce qui conforta la jeune sorcière dans l'idée qu'il pensait qu'elle parlait de lui. Elle se remettait au travail quand il l'interrogea durement :
- Il a quoi de plus que moi ?
La française laissa tomber la brique, qu'elle venait de soulever, qui se brisa. Elle rougit violemment. Que devait-elle répondre à cela. Pourtant c'était une bonne question. Effectivement, que trouvait-elle à Eylan ? Le fait que ce soit un vampire ? Non, c'était autre chose. Elle se remit au travail en continuant sa réflexion. Qu'est-ce qu'Eylan avait de plus que Rascan ? Son honnêteté ? Non, cela n'avait rien à voir. Sa beauté ? Non, Rascan aussi était beau. Et puis, depuis quand était-elle tombée amoureuse de lui ? Elle ne le savait absolument pas. Peut-être que cela voulait dire qu'elle ne l'aimait pas comme elle le croyait. Mais alors, où était passé l'amour qu'elle ressentait pour Yan ?
Cinq heures plus tard, au moment de la pause déjeuné, elle décida de rentrer à l'Honai. Rascan se proposa pour l'accompagner. Elle accepta avec un grand sourire. Elle était contente qu'il ait repris son air joyeux. Mais elle commença à avoir angoisser sans savoir pourquoi. Son instinct n'était pourtant toujours pas revenu. Rascan lui prit brusquement la main et l'emmena dans une ruelle sombre déserte.
- Qu'est-ce que tu fous ? L'interrogea Patience, paniquée et apeurée.
Il ne répondit rien et la plaqua contre le mur en la bayonnant avec l'aide de l'une de ses mains. Il lui tenait les poignets avec l'autre. Elle avait très mal. Elle paniqua de plus en plus en voyant les yeux machiavéliques de Rascan. Elle voulut se dégager avec ses pouvoirs mais il fit apparaître du feu autour des poignets de Patience. Elle réalisa qu'elle n'aurait pas du lui avouer qu'elle avait peur du feu. La seule exception était ses propres boules. Il plaqua ses lèvres sur celles de Patience. Elle s'agita violemment quand il défit le bouton du jean de la sorcière. Il la tenait tellement qu'elle n'eut plus qu'à fermer les yeux en espérant qu'il n'aille pas trop loin. Brusquement, elle ne sentit plus rien sur elle. Elle rouvrit les yeux pour voir Eylan, furieux, tordre le bras d'un Rascan grimaçant et hurlant de douleur. Elle s'aperçut qu'elle n'avait plus de feu autour de ses poignets. Le vampire menaça en lâchant le violeur :
- Ne la touche plus sinon la prochaine fois c'est la prison !
Rascan se dépêcha d'acquiescer avant de détaler comme un lapin. Eylan s'approcha de Patience, inquiet. Il voulait s'assurer qu'elle allait bien. Elle éclata en pleurs en se jetant contre le torse musclé du vampire, qui était très embarrassé. Il lui rendit tout de même son étreinte. Elle savait maintenant ce qu'elle lui trouvait. C'était si simple qu'elle n'y avait pas pensé plus tôt. Eylan était tout simplement toujours là quand elle en avait besoin. La situation prêtait à lui avouer qu'elle l'aimait, mais tout ce qui sortait de sa bouche était une longue plainte larmoyante. Il la rassura :
- T'inquiètes pas ! Il est plus là ce connard !
Elle le serra plus fort en tentant de calmer ses pleurs. Eylan n'osait imaginer ce qui se serait passé s'il n'avait pas senti la détresse de Patience. Il avait eu un mauvais pressentiment en fixant le pacte qu'il avait passé avec Messyca. Sa capacité de vampire permettait qu'il entende très loin et c'était de cette façon qu'il avait réussi à la retrouver. Son sang n'avait fais qu'un tour en analysant la situation et il l'avait secourue. À présent il ne restait plus qu'à aller la coucher dans sa chambre. Il la lâcha et la porta de façon cavalière avant de s'exécuter. Elle le questionna du regard, mais il détourna la tête pour éviter de rougir. Quand il arriva à destination, il s'aperçut qu'elle s'était endormie. Il la posa sur le lit et s'apprêtait à partir quand il vit une feuille de papier non vierge sur la table de nuit. Curieux, il s'approcha et le lu. Il écarquilla les yeux. C'était exactement, ou presque, le même pacte qu'il avait fais avec Messyca.



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